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NIHILISTE

compte de la curiosité mon inutile espionnage. Quels pouvaient être ces amis dont elle parlait avec cette sorte de respect attendri qui me déplaisait ? Des protecteurs, des amants ! Dans quelle classe de la société les avait-elle donc choisis, pour qu’ils fussent si misérables ?

Louise regardait de ses grands yeux indifférents les mille bibelots qui l’entouraient ; puis, bientôt lasse de l’effort, elle reprenait son visage impassible et son immobilité.

Je voulus passer mon bras autour de sa taille et l’attirer à moi ; mais elle se dégagea avec tant de dédain que j’en demeurai consterné.

— Adieu et merci ! dit-elle en se levant ; ne cherchez pas à me revoir, ce serait inutile.

— Nous demeurons si près, Louise ! et je serais si heureux de causer parfois avec vous ! Je ne vous demande rien de plus. Gardez vos secrets. Ne me faites que l’aumône d’un regard et d’un sourire…

Elle abaissa ses longues paupières, qui mirent une ombre chaude sur la pâleur des joues, et, saisissant rapidement ma main, sans que je pusse m’en défendre, elle y appliqua ses lèvres brûlantes.

— Louise ! criai-je.

Mais elle avait déjà disparu ; et j’arrivai dans le jardin pour entendre se refermer la porte du mystérieux pavillon.