Page:Vaudere - L anarchiste.pdf/118

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
111
NIHILISTE

— L’on m’a oubliée… depuis un mois mes amis sont absents ; je n’avais plus d’argent pour acheter le nécessaire.

— Pourquoi ne vous êtes-vous pas adressée à moi ?… J’aurais été si heureux de vous venir en aide !

Louise me regarda avec méfiance, et une flamme passa dans ses yeux.

— Je ne dois voir personne… on me l’a défendu. J’ai juré !

La jeune fille, bien que s’exprimant facilement en français, avait un léger accent musical que je cherchais à reconnaître.

— Vous êtes étrangère ? demandai-je.

Elle rougit.

— Mais non, seulement je n’ai pas été élevée en France. Ne me questionnez pas, Monsieur, je vous en prie. Je ne puis rien dire.

— Vos amis sont, ou bien coupables, ou bien oublieux !

— Mes amis ne méritent aucun reproche. S’ils ne me sont pas venus en aide, c’est que la misère s’est également abattue sur eux.

Une petite sensation pénible parcourut mon cœur, un sentiment de mécontentement me fit froncer les sourcils : j’étais jaloux. Cette découverte m’anéantit ; car, jusqu’alors, j’avais pu me faire illusion sur moi-même, et mettre sur le