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NIHILISTE

à de petites besognes intérieures. Je voulus faire une fastueuse retraite de mon nouveau logis, et j’y employai toutes les ressources de mon imagination.

Sur le jardin s’ouvrait un hall spacieux. Les murs, tendus de cuir de Cordoue, soutenaient des tableaux de prix : trois Meissonier, quelques esquisses de Prudhon et de Robert Fleury ; de grandes toiles de Terburg, de Van Dyck, le plus beau des paysages de Rubens ; deux Paul Delaroche, quatre Eugène Delacroix, etc. Tout cela dans de larges cadres d’ébène incrustés d’or et d’argent. Cette collection m’avait été léguée par mon père, le marquis d’Arford, et je l’avais augmentée de quelques œuvres de prix soigneusement choisies, ayant moi-même l’esprit délicat et enthousiaste du collectionneur. Vers 1830, les maîtres français de l’école du dix-huitième siècle n’étaient point fort à la mode ; aussi, le marquis avait-il acheté à des prix presque dérisoires des Drouais, des Greuze, des Lancret, des Roucher et des Watteau de toute beauté. J’avais donc ma galerie ! Et ce n’était pas mon moindre sujet de gloire.

Peut-être mes maîtresses m’avaient-elles aimé en raison de cette particularité, car ces jolies victimes ne sont indifférentes à rien de ce qui peut rehausser le prestige de leurs vainqueurs. L’on