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que de négliger les travaux de son sexe pour se livrer sans partage à ces sciences...... Je veux expliquer encore un chapitre avec toi.

FAN-SOU.

Mademoiselle, vous voulez encore étudier ? Tout à l’heure étant avec Madame dans le jardin, j’ai remarqué que le paysage était plus joli que d’habitude. Si nous n’allons pas profiter des agréments que cette saison étale à nos yeux, ne nous montrerons-nous pas insensibles aux séductions de la nature ? Quel besoin de lire ? Allons nous récréer un peu ; et puis la nuit va bientôt venir.

SIAO-MAN.

Koung-fou-tseu a dit : « À l’âge de quinze ans, je m’appliquais à l’étude ». Il faut imiter ce saint homme (Elles descendent).

FAN-SOU.

Mademoiselle, écoutez donc.

SIAO-MAN.

Que veux-tu que j’écoute ? (La nuit se fait).

FAN-SOU.

Entendez-vous les modulations pures de l’oiseau de Tou-Kiouen ? Sentez-vous le parfum des pêchers qui vient réjouir l’odorat ? Mademoiselle, promenons-nous à la dérobée.

SIAO-MAN.

Fan-Sou garde-toi de faire du bruit, retenons nos ceintures garnies de pierres sonores et marchons doucement.

FAN-SOU.

Les pierres de nos ceintures s’agitent avec un bruit harmonieux. Nos petits pieds semblables à des nénuphars d’or, effleurent mollement la terre, la lune brille sur nos têtes pendant que nous foulons la mousse verdoyante. La fraîcheur de la nuit pénètre nos légers vêtements. Ces fleurs ressemblent à une espèce de soie brodée ; voyez la verdure des saules, dirait-on pas des masses de vapeurs qui se balancent dans l’air ? Nous jouissons de toutes les beautés du printemps (En parlant, elle gravit l’escalier de la terrasse, va dans la maison, et en sort avec une petite lampe ; elle redescend au jardin).