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D’amour, tu daignas donc déjeuner et dîner
Par terre et secouer joyeusement les branches.

Quel dimanche ! Avions-nous bien l’air de deux gamins
Dans l’herbe fraîche et fine où tu t’étais vautrée ?
Arrachant les boutons d’or qui sont la livrée
Du mois d’avril, tout un jour, toute une soirée.
Peut-on s’imaginer qu’il est des lendemains

Heureux après avoir passé des heures telles ?
Ah ! les bourdonnements des mouches, les reflets
Des choses, les soupirs vagues, les bruits follets,
Les murmures de la pelouse à tes mollets,
Et les reines des prés que te racontaient-elles ?

Ce souvenir suffit à toute ma saison,
Et j’en suis embaumé jusqu’à la griserie.
Tu es ma fée et j’ai vécu cette féerie.
Penses-y doucement, longuement, je te prie,
Les yeux fermés, respire en rêve le gazon