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LA NATURE


Tu crois, ah ! tu crois trop, tu crois à trop de choses ! —
Tu crois que la Nature en ses métamorphoses
Est heureuse de vivre, et que le renouveau
Des saisons rajeunit mon corps et mon cerveau ;
Pauvre naïf ! tu crois que je personnifie
Ici le grand jardin de lumière et de vie
Dans lequel, invisible à chacun, le bon Dieu
Circule librement et se repose un peu.
Toi, tu mourras demain ; moi, je reste immortelle,
Je traîne mon angoisse et j’y suis si fidèle
Que je pleure des mois entiers à chaque hiver,
Et que le lendemain mon cœur redevient vert
Pour se faner ensuite aux râles de l’automne,
Puis à l’hiver encor, supplice monotone.

Hélas !

Nous sommes las autant l’un que l’autre, fort las.

Ne t’imagine donc pas, cher poète,

Que je suis
L’Oasis,