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sent-ils à errer dans les coulisses ? Ils y sont comme des enfants, ne perdant pas un mouvement, fouillant à l’intérieur de la montre pour regarder la petite bête, et, ma foi ! l’envers du théâtre n’est que désillusionnant. On y respire du gaz ; les femmes se maquillent, elles ont des épaules en blanc-gras, une bouche trop rouge, des yeux trop noirs ; leur corps a une odeur de perruquier qui s’est servi de vingt pommades et extraits différents, le même jour. Et vous trouvez cela appétissant ?

Pourquoi admirent-ils aussi ces actrices cagneuses en travesti, ces ténors d’opéra-comique qui ont l’air de poupées, ces rois et reines d’opéra si peu grands seigneurs ?

Je ne vous parlerai que des danseuses. Chérissant mon art et n’écoutant la voix d’or des tragédiennes que si elle est assez musicale et harmonieuse pour pouvoir accompagner mes arabesques, relevés ballonnés sur la pointe, sauts de chat, temps de fouetté, ronds de jambes et pirouettes.

Je vous déclarerai, sans être fate, que les danseuses sont les seules artistes consciencieuses. Plus elles restent sincères, plus elles valent quelque chose. Tandis que l’actrice doit s’incarner dans la peau d’un personnage, suivre la volonté des auteurs, abdiquer son naturel.