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Les badauds parisiens s’entassent pêle-mêle :
Ouvriers et soldats et quelques élégants,
Quand les hardis lutteurs ont lancé tous les gants.

Franchement, les champions s’avancent l’un vers l’autre
Et se donnent la main en guise de salut.
Puis le duo commence ; on s’enlace, on se vautre,
On s’arrête, ainsi que deux gros chiens à l’affût,
Épiant le moment propice de la lutte.
Le public prend parti pour son représentant,
Applaudit l’amateur après chaque culbute
Et le poursuit de l’œil, curieux, haletant.
Les mains claquent à plat sur les épaules nues,
Et les poitrines ont un rauque sifflement.
Le public ne sait pas les choses convenues,
C’est que l’amateur doit s’abattre adroitement
En laissant au lutteur l’honneur de la victoire.
Sans un doigt de rancune, après, ils s’en vont boire ;
Car demain le lutteur tiendra lieu d’amateur,
Et l’amateur aura le maillot du lutteur.