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Nous connaissons et devinons mal la diseuse de vers ou de prose ; dit-elle ce qu’elle pense et réciproquement ?

Au contraire, à sa façon de marcher, de se balancer, de sautiller et tourner, un amateur saura si la danseuse est spirituelle, intelligente, raffinée, pot-au-feu, avare ou prodigue.

L’aimez-vous assez le théâtre ? Vous chantez ses parfums, sa chaleur et sa clarté. Voilà un signe de décadence. Cette dame Pompadour dont vous m’avez parlé une fois, ne sonna-t-elle pas, suivant vous, le signal de l’agonie du dix-huitième siècle, en jouant des pièces et en dansant des menuets au théâtre du Château de Versailles ?

Vous voudriez porter les traînes des princesses au cachet, donner la réplique aux coquettes, aux ingénues, aux raisonneurs, à tous.

Vous voudriez étinceler, éblouir à la rampe. Oh cette rampe ! elle vous grise. Et le lustre !… et jusqu’au pompier — forcément indifférent — et le souffleur ! — ce bibliothécaire des mémoires paresseuses ! —

Vous finissez, après avoir vanté le charme des faux jardins, des faux ciels, des manoirs en carton, par rêver à un décor, moitié toile et moitié nature, un décor à la moyen-âge où l’on verrait le vrai soleil chauffer des