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Pour les morts, c’est fête chez eux,
Ils écarquillent leurs grands yeux
Et la troupe applaudit et crie.
Le paysage les ravit :
Une nuit tiède, et dans la nuit
Des étangs en sommeil et des arbres droits, graves
Que rafraîchit un brouillard blanc,
Et le vent parfumé, dolent,
Caresse ces pâleurs suaves.
Les morts se sentent rajeunir ;
Et le spectacle allant finir,
Or bras dessus et bras dessous, tous vont ensemble
Remercier Corot qui tremble
— Doucement émotionné —
D’avoir si bien illuminé
Le Néant, son ciel impassible.
Puis Corot se rendort paisible,
Écoutant les échos d’une immense chanson
Qu’improvisent à l’unisson,
Au milieu des brises très chastes,
Deux cents poètes enthousiastes.