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attaque

quand les lignes sont faites, il n’en passe que rarement, et même l’ennemi ne le tente pas.

Revenons à la disposition des attaques.

Sur les ingénieurs.C’est ici où les ingénieurs doivent faire paraître ce qu’ils sont.

Il n’y avait autrefois rien de plus rare en France que les gens de cette profession, et le peu qu’il y en avait, subsistait si peu de temps, qu’il était encore plus rare d’en voir qui eussent vu cinq ou six siéges, et encore plus, qui en eussent tant vu sans y avoir reçu beaucoup de blessures qui, les mettant hors de service dès le commencement ou le milieu d’un siége, les empêchaient d’en voir la fin, et par conséquent de s’y rendre savans ; cela joint à bien d’autres défauts dans lesquels on tombait journellement, ne contribuait pas peu à la longueur des siéges, et aux pertes considérables qu’on y faisait.

Siége de Montmédy : pertes considérables que l’on y fit.
1657.
Je me souviens qu’à celui de Montmédy où il n’y avait que 700 hommes de garnison qui furent assiégés par une armée de 10,000 hommes, que de quatre que nous étions au commencement du siége, destinés à la conduite des travaux, je me trouvai le seul, cinq à six jours après l’ouverture de la tranchée, qui en dura quarante-six ; pendant lesquels nous eûmes plus de 1300 hommes de tués et 1800 blessés, de compte fait à l’hôpital, sans y comprendre plus de 200 qui n’y furent pas ; car dans ces temps-là, les hôpitaux étant fort mal ad-