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attaque

attaquant et défendant, sans qu’on ait pu les réduire entièrement. La raison est, que les places fortes arrêtent la poursuite des armées victorieuses, servent d’asile très-sûr à celles des ennemis qui ont été battues, et donnent moyen de tirer la guerre en longueur ; pendant quoi il arrive des conjonctures bizarres, et des changemens d’intérêt dans les états voisins (naturellement ennemis des prospérités l’un de l’autre), font que vos amis devenant vos envieux, cessent de vous assister, ou ne le font pas de bonne foi, ou changent ouvertement de parti ; ce qui est arrivé si fréquemment dans ces derniers temps, que l’on a souvent vu les progrès des conquérans arrêtés par de telles et semblables conduites, et eux contraints de passer de l’offensive à la défensive, dans le temps que le bonheur de leurs armes semblait leur promettre le plus d’avantages ; d’où s’est ensuivi des retours de prospérité qui ont produit des paix à des conditions onéreuses qui les ont obligés à restituer tout, ou la meilleure partie de ce qu’ils avaient conquis, après des consommations immenses d’hommes et d’argent, et beaucoup de pays ruinés. Qui voudrait pousser cette digression plus loin, et repasser sur ce qui est arrivé dans le monde connu, depuis que les hommes ont commencé à rédiger par écrit les démêlés qu’ils ont eus entre eux, trouverait qu’il a bien moins fallu de temps et