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de l’artillerie.

canon ; ce qui fait qu’ils ne s’en tiennent que très-faiblement à leur première institution.

On peut dire la même chose des douze compagnies de canonniers, dont les officiers ne font ni guet, ni garde, ni aucune autre fonction que d’avoir le soin ordinaire de leur compagnie, qui est un abus dont le service se trouve très-mal.

Il y a d’autres défauts dans l’artillerie, dont l’un des plus considérables consiste en la privation des honneurs et récompenses auxquels les troupes ordinaires parviennent par leurs services, en quoi on leur fait d’autant plus de tort, qu’outre les périls qu’ils ont communs avec la cavalerie et l’infanterie, et bien souvent plus grands, leurs emplois sont beaucoup plus pénibles et plus assujétis de corps et d’esprit, sans compter qu’il ne faut pas moins de vigueur à bien exploiter une pièce de canon qu’à marcher à la tête d’un détachement dans un jour d’occasion ; cette privation d’honneur et d’avantage, est même venue à tel point qu’on refuse des lettres d’état, depuis le commencement de la guerre, aux officiers d’artillerie qui sont actuellement dans le service, comme s’ils étaient moins utiles à Sa Majesté que par le passé, et moins recommandables que les autres officiers de ses troupes à qui on n’en refuse aucune ; on ne peut disconvenir que ces abaissemens qui passent chez eux pour de véritables marques du peu de cas qu’on en fait, n’aient rebuté et abattu le cœur à quan-