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de l’artillerie.

mêlant point du canon ni des batteries, leurs soldats n’en sont nullement instruits ; et comme le soldat suit son officier naturel et l’accompagne partout, il perd bientôt ceux d’artillerie de vue, d’où s’ensuit que ne les voyant que par des intervalles de plusieurs mois, et quelquefois de plusieurs années, il oublie facilement de les connaître dans l’occasion jusqu’à leur manquer de respect, même dans les affaires plus pressantes où l’officier d’artillerie n’étant pas en pouvoir de les châtier, est réduit à s’en plaindre dans le temps qu’il doit être le plus occupé à les faire agir.

Pour conclusion, il est certain que le service partagé de ce régiment produit un très-mauvais effet qui ne convient point à l’artillerie, où il faut nécessairement des hommes qui ne soient occupés que d’elle, et mieux instruits de ses mouvemens que ne le peuvent être les soldats des fusiliers.

Les quatre compagnies d’ouvriers du même régiment sont bien assujéties à l’artillerie pour les soldats, mais non quant aux officiers qui ne se mêlent que du détail de leurs compagnies, et qui n’étant pas capables de juger de l’habileté des ouvriers qu’ils ne mettent jamais en œuvre, il arrive que ces compagnies en sont toujours mal fournies et que le peu qu’il y en a sont très-mauvais, les capitaines prenant, de bien plus près, garde à les avoir bien faits et de bonne taille qu’à leur habileté, les aimant mieux propres au combat qu’au