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des places.

a dessein d’y faire passer plusieurs colonnes à la fois ; de même, s’il se saisit de quelque château ou maison forte au-delà de cette rivière, qui ne lui soit nécessaire que pour l’aider à cacher son dessein.

Joignant toutes ces apparences ensemble, on pourra conjecturer que l’ennemi a dessein d’attaquer par le côté plus à portée de ces ponts, notamment si le bossillement du pays y convient, ou qu’il soit composé de plaines unies et non entrecoupées de rien qui puisse retarder sa marche, et qu’il ne fera que de fausses attaques vis-à-vis de son camp et partout ailleurs, ce qui arrivera infailliblement.

Une autre observation importante à faire, est si après avoir estimé la distance qu’il y a des autres côtés de la ligne au camp de l’ennemi, on trouve qu’il n’en puisse faire le chemin, ni arriver avant le jour par la marche d’une nuit d’été qui ne dure que cinq à six heures, et voir si le temps qu’il lui faut peut s’accorder avec ce que l’on aura appris des espions, des prisonniers et des rendus.

Par des espions ; À propos d’espions, je dois dire ici qu’on n’en saurait trop avoir, et qu’il est à souhaiter qu’on en puisse recevoir tous les jours, plutôt deux fois qu’une, notamment quand l’ennemi se prépare à vous attaquer, et enfin quand il se mettra en marche pour venir aux lignes. C’est alors qu’ils peuvent, en observant de quel côté