Page:Vauban - Traité des sièges et de l’attaque des places.djvu/21

Cette page a été validée par deux contributeurs.
xv
du maréchal de vauban.

La guerre qui commença en 1672, lui fournit une infinité d’occasions glorieuses, surtout dans ce grand nombre de siéges que le Roi fit en personne, et que M. de Vauban conduisit tous. Ce fut à celui de Mastricht, en 1673, qu’il commença à se servir d’une méthode singulière pour l’attaque des places, qu’il avait imaginée par une longue suite de réflexions, et qu’il a depuis toujours pratiquée. Jusque-là, il n’avait fait que suivre avec plus d’adresse et de conduite les règles déjà établies ; mais alors il en suivit d’inconnues, et fit changer de face à cette importante partie de la guerre. Les fameuses parallèles, ou les places d’armes, parurent au jour ; depuis ce temps, il a toujours inventé sur ce sujet, tantôt les cavaliers de tranchée, tantôt un nouvel usage des sapes et des demi-sapes, tantôt les batteries à ricochet, et par là il avait porté son art à une telle perfection, que le plus souvent, ce qu’on n’aurait jamais osé espérer, devant les places les mieux défendues il ne perdait pas plus de monde que les assiégés.

C’était là son but principal, la conservation des hommes ; non-seulement l’intérêt de la guerre, mais aussi son humanité naturelle, les lui rendait chers. Il leur sacrifiait toujours l’éclat d’une conquête plus prompte et une gloire assez capable de séduire, et, ce qui est encore plus difficile, quelquefois il résistait en leur faveur à l’impatience des généraux, et s’exposait aux redoutables dis-