Or 80 toises à 2 liv. la toise, font 160 liv., d’où ôtant le dixième, montant à 16 liv., restera pour les sapeurs 144 liv. qui, distribuées à 24 hommes, font 6 liv. pour chacun, qui est un gain raisonna-
sant de nuit, à découvert, quelques gabions ; car, en cheminant à la sape pleine, continûment, les sapeurs ne peuvent faire que 40 toises en vingt-quatre heures, à raison de 10 pieds, quatre gabions, par heure. (Manuel pratique du Sapeur pour les travaux de siége, par le capitaine du génie Villeneuve, aide-de-camp de M. le lieutenant-général, vicomte Rogniat ; Paris, 1828.) Vauban ne suppose pas en effet l’exécution de la sape pleine bien régulière, ni sa vitesse uniforme, comme le prouvent les passages suivans tirés du Mémoire de 1669, pour servir d’Instruction dans la conduite des siéges. « L’ingénieur pourra quelquefois prendre son temps, pendant l’obscurité de la nuit, pour faire poser les gabions qu’il croira pouvoir être remplis pendant le jour, et cela par deux ou trois hommes armés, pris de la demi-brigade de repos, sans que celle qui travaille discontinue son ouvrage. Cet expédient est praticable par toute la tranchée, mais plus utilement à celles qui cheminent en avant qu’aux places d’armes.
Par les épreuves que j’en ai faites, une sape peut cheminer 96 toises en 24 heures, mais à cause des sorties, de l’embarras et du péril qu’il y aura à la tête, j’estime qu’elle n’en fera guère plus de 60. Il est à remarquer que je ne parle ici que de la seule sape qui chemine en avant, et non de celles qui vont de côté. Car si on veut y comprendre celles qui s’étendront à droite et à gauche, comme les places d’armes, batteries et redoutes, le chemin en redoublera pour le moins de moitié, c’est-à-dire, qu’au lieu de 60 toises par chaque garde, on en pourra bien compter 120 et même jusqu’à 150,