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m’en goûter les douceurs. — Osez-vous me tenir un tel langage, lui dis-je en riant ? Ne craignez-vous pas de prononcer le nom d'Amour ? — Vous avez raifon, me répondit-il en soupirant. Hélas ! j’en ai souvent abusé, mais l’amour m’a bien puni. Et qui a-t-il chargé du soin de sa vengeance ? La plus aimable, mais la plus insensible des femmes. Puisqu’il vouloit me soumettre à son empire, pourquoi n’a-t-il pas percé votre cœur d’un même trait ? Notre bonheur eût fait envie.

Plus je désirois qu’il fut sincere, & moins j’osois m’en flatter ; je craignis ses pieges, & fus plus circonspecte que jamais. Vous ne voulez donc pas m’écouter, me dit-il avec chagrin : je ne le vois que trop, vous êtes déterminée à me déses-

pérer.