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vous m’avez appris à connoître mon cœur. Je ne puis vivre loin de vous : je me suis rendu ici dans le dessein de vous faire l’aveu de l’amour le plus sincere ; je me suis présenté à votre porte avec crainte, j’ai pénétré jusqu’ici sans rencontrer vos gens, j’ai entendu prononcer mon nom, j’ai… n’en dites pas davantage, lui dis-je en rougissant, j’ai honte… de quoi ? de m’aimer ? j’ai prévu ce bonheur depuis long-temps.

Je vous avoue qu’un tel propos m’outra, je lui répondis avec un air, qui annonça le plus grand mépris, que la gloire d’une telle conquête ajouteroit foiblement à son mérite. Il voulut s’excuser sur l’excès de sa joie, mais je le raillai si impitoyablement, qu’il fut forcé à se taire : puis sonnant mes femmes, je le priai de se retirer, & lui défendis de me