Giovan-Francesco était souverainement charitable. Jamais il ne laissait partir ceux qui s’adressaient à lui sans les avoir secourus. Il mettait son argent dans un panier, et, qu’il en eût peu ou beaucoup, il en donnait à quiconque lui en demandait. Un pauvre qui le voyait souvent aller à ce panier, ayant dit, croyant n’être pas entendu : « Oh ! mon Dieu, si j’avais ce qu’il y a dans ce panier, comme j’arrangerais bien mes affaires ! » Rustici, aux oreilles duquel parvinrent ces paroles, l’appela et, après l’avoir regardé fixement, lui versa dans un coin de sa cape tout le contenu du panier en lui disant : « Va, que Dieu te bénisse ! » Pour combler le déficit, Rustici eut recours, selon son habitude, à son ami Niccolò Buoni qui avait soin de ses revenus et qui lui donnait chaque semaine une certaine somme à laquelle les gens de la maison puisaient librement, car elle n’était jamais sous clef.
Revenons aux ouvrages de notre artiste. Il fit un beau Crucifix en bois, grand comme nature, qui devait être envoyé en France. Mais ce morceau et une foule de bas-reliefs et de dessins restèrent entre les mains de Niccolò Buoni, lorsque Rustici, pensant qu’il trouverait la fortune plus favorable en changeant de pays, résolut de s’éloigner de Florence.
Il exécuta, d’après le duc Julien qui lui témoigna constamment un vif intérêt, un portrait de profil et en demi-relief qu’il jeta en bronze, et que l’on voit aujourd’hui chez Messer Alessandro, fils de Messer Ottaviano de Médicis.
Giovan-Francesco donna au peintre Ruberto di