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même jusqu’à lui faire un crime de ce qu’il avait su allier le talent à la noblesse de sa naissance (3). Enfin, lorsque le moment de régler son salaire fut arrivé, Rustici appela pour arbitre Michel-Ange Buonarroti ; mais les consuls, à l’instigation de leur collègue Ridolfi, lui imposèrent Baccio d’Agnolo. Notre artiste eut beau leur dire qu’il était par trop étrange qu’un menuisier eût à estimer l’œuvre d’un statuaire et qu’ils étaient un tas d’imbéciles ; il ne fut point écouté, et le Ridolfi le traita de fat et d’arrogant. Le pis fut que le groupe, qui valait au moins deux mille écus, ne fut estimé par les consuls que cinq cents, et encore Rustici n’en reçut-il jamais que quatre cents par l’entremise du cardinal Jules de Médicis.

Révolté de cette infamie, Giovan-Francesco jura de ne plus travailler désormais pour des confréries ; en un mot, que lorsqu’il aurait affaire à un seul individu.

Il se retira dans son atelier de la Sapienza, près du couvent des Servîtes.

Pour chasser l’ennui, il imagina de chercher les moyens de congeler le mercure. Il dépensa de grosses sommes d’argent à ce fol essai qu’il avait tenté en compagnie d’un cerveau quelque peu dérangé, nommé Raffaello Borghini.

Heureusement il demanda aussi des distractions à l’étude. Ce fut alors qu’il peignit à l’huile une Conversion de saint Paul où l’on remarque la beauté des attitudes et des raccourcis des chevaux et des personnages. Ce tableau a trois brasses de longueur