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les mieux entendues qui aient jamais été produites par un maître moderne. Elles furent jetées en trois fois et réparées dans la maison de la via de’ Martelli qu’habitait Giovan-Francesco. C’est dans le même endroit qu’il exécuta les ornements de marbre, les deux colonnes, les corniches et les armoiries de l’art des marchands qui accompagnent son groupe. Le lévite est un vieillard chauve qui, la main droite appuyée sur la hanche, tient de la gauche un papier qu’il regarde en s’apprêtant à répondre à saint Jean-Baptiste. Il est vêtu d’une légère draperie recouverte d’un épais manteau qui forme des plis agencés avec une rare habileté. Le pharisien, de la main droite, se tient la barbe et se jette un peu en arrière dans l’étonnement que lui causent les paroles du Précurseur.

Pendant que Rustici travaillait à ce groupe, il fut tellement ennuyé d’avoir à demander chaque jour de l’argent aux consuls ou à leurs commis qui, presque toujours, sont incapables d’apprécier le mérite, qu’il prit le parti, pour fournir à ses dépenses, de vendre un domaine qu’il possédait à San-Marco-Vecchio, hors de Florence. Mais il fut mal récompensé de ses fatigues et de son dévouement, grâce aux intrigues de l’un des consuls, nommé Ridolfi, dont il s’était fait un ennemi acharné, soit parce qu’il ne lui avait pas témoigné assez de déférence, soit parce qu’il lui avait quelquefois refusé l’entrée de son atelier. Rustici, au lieu d’honneurs mérités, ne retira donc de son œuvre que de l’ingratitude. Les ignorants et les idiots allèrent