Page:Vasari - Vies des peintres - t9 t10, 1842.djvu/71

Cette page a été validée par deux contributeurs.

ornements ; mais le cardinal favorise toujours les gens les moins propres à lui faire honneur. » Convaincu par ces paroles que Perino obéissait plutôt à son ressentiment qu’au désir de se montrer équitable envers un artiste de talent, Giorgio lui répondit : « Bien que je ne sois pas très connaisseur en ces sortes de choses-là, j’ai néanmoins assez vu de décorations pour juger que celle d’Aristotile est fort bien et vaut un bon nombre d’écus, et non quelques baïoques seulement, ainsi que vous le dites. Il ne me semble pas juste que celui qui produit une œuvre originale, soit payé de ses veilles comme l’on paye les journées d’un auxiliaire qui n’a qu’à imiter, qu’à copier un modèle sans grande fatigue de corps et sans se tourmenter la tête et l’esprit. Et lors même que vous auriez fait cette décoration avec plus de sujets et d’ornements, comme vous le dites, vous Perino, peut-être aurait-elle été moins belle que celle d’Aristotile, que le cardinal croit avec raison plus habile que vous en ce genre de peinture. Considérez, en outre, qu’une décision injuste, dictée par la passion, vous fera plus de tort qu’à Aristotile. On ne blâmera pas son ouvrage ; on accusera notre jugement d’ignorance, peut-être même de malignité. Soyez sûr que celui qui cherche à s’élever ou à se venger d’une injure en rabaissant, en dépréciant les autres, finit toujours par être reconnu pour un envieux, un ignorant et un méchant. Vous qui avez tous les travaux de Rome, que diriez-vous si l’on estimait vos