Page:Vasari - Vies des peintres - t9 t10, 1842.djvu/69

Cette page a été validée par deux contributeurs.

des constructions qu’on y exécuta sur les dessins de son cousin.

Aristotile avait été élevé avec Antonio, et par conséquent agissait très-familièrement avec lui ; aussi dit-on qu’Antonio ne le tenait éloigné que parce qu’il ne pouvait l’amener à lui dire vous. En effet, la présence de gentilshommes, ou même celle du pape, n’empêchait point Aristotile de tutoyer Antonio, comme font les Florentins qui se refusent à se plier aux nouveaux usages. Il est facile d’imaginer combien Antonio, accoutumé à être traité avec déférence par les cardinaux et les seigneurs, devait être choqué des procédés d’Aristotile. Ce dernier, ayant pris en dégoût le séjour de Castro, pria son cousin de le rappeler à Rome. Antonio y consentit, mais lui recommanda de se comporter à l’avenir avec plus de discrétion, surtout lorsqu’il se trouverait devant de hauts personnages.

Pendant un carnaval, Ruberto Strozzi ayant invité ses amis à un banquet, suivi d’une comédie, Aristotile lui fit dans la grande salle de son palais une décoration si belle, que le cardinal Farnèse en fut émerveillé et lui commanda d’en disposer une autre dans une des salles du palais de San-Giorgio qui donnent sur le jardin. Aristotile s’acquitta de cette tâche avec tout le soin dont il était capable, de manière qu’il satisfit complètement le cardinal et les connaisseurs.

Messer Curzio Frangipani, chargé par le cardinal de payer Aristotile, ne voulut point, en homme prudent, s’exposer à offrir à notre artiste un prix