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tables amis ne m’eussent rendu le courage, et déterminé à continuer en me fournissant des documents sur différentes choses fort obscures. Avec leur secours j’ai pu découvrir la vérité et publier ces pages destinées à raviver, au profit de nos successeurs, le souvenir presque entièrement éteint d’une foule de rares et beaux génies. Comme je l’ai noté ailleurs, les manuscrits de Lorenzo Ghiberti, de Domenico Ghirlandaio et de Raphaël, ne m’ont pas peu aidé dans ma tâche ; mais je ne leur ai jamais prêté foi sans avoir examiné de mes propres yeux les ouvrages dont ils parlaient. Je m’estimerai heureux si je suis arrivé au but que je me suis proposé, c’est-à-dire à être utile et agréable à la fois ; dans le cas contraire, j’aurai encore un sujet de satisfaction ou au moins de consolation, en pensant que j’ai entrepris un travail honorable qui doit me mériter quelque indulgence. Pour en terminer, je dirai que j’ai écrit en peintre, et en observant l’ordre et la méthode qui m’ont semblé les meilleurs. Quant à la langue, florentine ou toscane, dans laquelle je m’exprime, je m’en suis servi aussi naturellement et aussi simplement que j’ai pu, laissant les périodes arrondies et ornées, les termes choisis, les autres ornements du langage, et en un mot le soin d’écrire savamment aux personnes qui n’ont pas, comme moi, plus souvent le pinceau que la plume à la main. Si j’ai semé dans ce livre quelques mots techniques exclusivement affectés à nos arts, j’ai dû les employer pour être compris de vous, artistes ; car, je le répète, c’est pour vous principalement que je me suis mis à l’œuvre. Enfin, mon