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reste, j’ai lieu de croire que le duc fut très-satisfait de cette célérité ; car la salle se trouva achevée précisément au moment où elle pouvait être le plus nécessaire. En effet, le mariage de notre prince illustrissime avec la sœur de l’empereur aujourd’hui régnant étant sur le point de se conclure, je crus de mon devoir de n’épargner aucun effort pour que la plus vaste salle du palais fût en état de servir de théâtre aux principaux actes de cette solennité. Ce puissant motif doit me faire excuser, si, dans la précipitation qu’il me commandait, je n’ai pas réussi pleinement à rendre les innombrables scènes confiées à mon pinceau : attaques de places, canonnades, assauts, escarmouches, édifications de villes, conseils publics, cérémonies antiques et modernes, triomphes, et tant d’autres sujets qui réclamaient un temps énorme, sans parler des croquis, des dessins, des cartons, des nus et des paysages que je fus obligé de faire d’après nature, de même que les portraits d’une foule de guerriers, de capitaines, de généraux et d’autres chefs. En somme, j’ose dire que j’eus à représenter sur ce plafond presque tous les objets imaginables, le corps humain sous les aspects les plus différents, des costumes, des meubles, des casques, des cuirasses, des chevaux, des harnais, des caparaçons, des armes à feu de tout genre, des navires, des tempêtes, des effets de pluie et de neige, et tant d’autres choses, que je ne saurais m’en souvenir. Mais il suffit de voir cet ouvrage pour se figurer facilement combien de fatigue et de veilles il m’a coûté, car il se compose de quarante