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je me propose d’en parler fort au long dans un dialogue que je publierai prochainement. Ces travaux étaient énormes, mais j’en fus récompensé par le duc avec une générosité extrême. Outre mes appointements, il me donna plusieurs maisons de ville et de campagne, et m’honora de la charge suprême de gonfalonier de la ville d’Arezzo, ma patrie, et de divers emplois, en me laissant la faculté de m’y faire remplacer par quelques autres citoyens de la ville. Le duc accorda aussi à Ser Piero, mon frère, plusieurs offices lucratifs à Florence, et combla de faveurs et de libéralités tous mes parents d’Arezzo. Aussi ne serai-je jamais las de proclamer ma reconnaissance pour tant de bontés.

Le duc songeait depuis longtemps à faire décorer la grande salle du palais. Il résolut de mettre cet immense projet à exécution, parce qu’il espérait, me disait-il en riant, que je le mènerais promptement à fin. En conséquence, il m’ordonna d’exhausser le toit de treize brasses, d’établir un plafond de bois, et de le couvrir de dorures et de peintures à l’huile. J’acceptai cette grande et importante entreprise qui, si elle n’était pas au-dessus de mon courage, était peut être au-dessus de mes forces. Néanmoins, soit que ma vigueur eût été doublée par la confiance que le duc me témoignait, ou par l’espoir que j’avais de me distinguer, soit que Dieu fût venu à mon aide, je conduisis ma tâche à fin, contre l’attente générale, non-seulement en moins de temps que je ne l’avais promis, mais encore que je ne l’espérais, et que ne le pensait Son Excellence. Du