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pondit que par de captieux arguments, qui dévoilaient ses mauvaises intentions.

Alors Giorgio, résolu à empêcher que trois cents personnes ne fussent victimes de Lorenzino, annonça qu’il prierait le duc lui-même de décider la question.

À ces mots, Lorenzino, craignant que ses machinations ne se découvrissent, finit par consentir à ce qu’Aristotile suivît le conseil de Vasari, et ainsi fut fait.

Maintenant, pour revenir à la décoration d’Aristotile, nous dirons que jusqu’alors on n’en avait jamais vu de plus belle. Sur le devant de la scène il avait figuré un magnifique arc de triomphe en marbre orné de bas-reliefs et de statues, et derrière lequel fuyaient dans le lointain des rues et des édifices exécutés avec un soin incroyable.

Le duc Alexandre, ayant été assassiné par Lorenzino, eut pour successeur le duc Cosme, qui se maria le 27 juin 1539 avec la signora Donna Leonora de Tolède, dont les vertus égalent celles des femmes que l’histoire nous vante le plus.

À l’occasion de ces noces, Aristotile fit dans la grande cour du palais Médicis une décoration où il se surpassa lui-même. Il représenta la ville de Pise, avec son campanile penché, son temple circulaire de San-Giovanni, et ses autres nombreux monuments. On ne saurait imaginer une réunion de façades de palais, de colonnades, de péristyles, de portes, de fenêtres, plus variés, plus pittoresques et qui produisissent une plus vive illusion.