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Je me rendis ensuite à Florence, où je décorai, pour la confrérie de San-Giovanni-de’-Peducci d’Arezzo, une bannière représentant d’un côté saint Jean prêchant devant la foule, et de l’autre côté le Baptême du Christ. Dès qu’elle fut terminée, je l’envoyai chez moi, à Arezzo, avec ordre de la remettre aux membres de la confrérie. Sur ces entrefaites, monseigneur le cardinal Georges d’Armagnac passa par Arezzo, et alla visiter ma maison, où il vit la bannière, qui n’avait pas encore été livrée à la confrérie. Elle lui plut à un tel point, qu’il en offrit un prix considérable ; mais je ne voulus point manquer de bonne foi envers ceux qui me l’avaient commandée. Je n’écoutai point ceux qui me dirent que je pouvais en faire une autre : peut-être n’aurait-elle pas été aussi bien.

Peu de temps après, je peignis Adonis expirant sur le sein de Vénus, selon la description de Théocrite. Ce tableau était destiné à Messer Annibale Caro, qui, dans une lettre aujourd’hui imprimée[1] l’avait demandé. Il fut envoyé en France presque contre mon gré, et donné à Messer Albizzo del Bene, avec une Psyché qui contemple l’Amour à la lueur d’une lampe. Toutes ces figures sont nues, et grandes comme nature. Elles furent cause qu’Alfonso di Tommaso Cambi, jeune homme non moins remarquable par son extrême beauté que par son instruction et sa courtoisie, se fit peindre entièrement nu sous les traits d’Endymion, au milieu d’un

  1. Voyez tome II des Lettere Pittoriche.