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l’autre main elle porte une torche allumée, pour montrer qu’elle introduit dans la maison de son mari le feu qui consume et détruit tout[1]

L’an 1518, mon ami don Giovan Benedetto, de Mantoue, abbé de Santa-Fiora-e-Lucilla, me pria de peindre un Cénacle, ou quelque chose du meme genre, dans le réfectoire de son monastère. Désireux de lui plaire, je cherchai un sujet qui ne fût pas rebattu, et je choisis les noces de la reine Esther avec le roi Assuérus. Ce tableau, long de quinze brasses, devait être exécuté à l’huile ; je le peignis sur la place même qui lui était destinée, car je savais par expérience qu’en n’observant pas cette méthode on s’expose à éprouver bien des mécomptes dans le jeu des ombres et des lumières. Je m’efforçai d’imprimer à cet ouvrage un aspect plein de majesté et de grandeur ; mais il ne m’appartient pas de décider si j’y ai réussi ou non. Quoi qu’il en soit, j’introduisis dans cette composition une foule de serviteurs, de pages, d’écuyers, de soldats et de musiciens, un nain, un office, un buffet chargé d’une magnifique vaisselle, et en un mot tout ce qui convient à un banquet royal. Un maître d’hôtel s’avance, accompagné de quantité de pages en livrée et de valets qui déposent des mets sur la table, à côté de laquelle des seigneurs et des courtisans se tiennent debout suivant l’usage. Assuérus, le visage rayonnant d’amour et de fierté, et le bras gauche appuyé sur la table, offre de la main droite, avec

  1. Ces peintures n’existent plus.