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et la façade extérieure de cette habitation. Entre autres sujets, j’imaginai de personnifier toutes les villes et tous les pays où j’avais travaillé, et je les figurai comme apportant leurs tributs, entendant rappeler par là les bénéfices que j’y avais recueillis. Pour le moment je décorai seulement le plafond du salon : dans les quatre angles je plaçai les quatre saisons ; puis, au milieu des images des douze grands dieux de l’Olympe, le Mérite foulant aux pieds l’Envie, et bâtonnant la Fortune, qu’il tient par les cheveux. Ces figures sont disposées de telle façon que, suivant l’endroit d’où on les regarde, on aperçoit tantôt l’Envie dominant le Mérite et la Fortune, et tantôt le Mérite élevé au-dessus de l’Envie et de la Fortune, ainsi que cela a lieu souvent dans ce monde. Sur les parois on voit l’Abondance, la Libéralité, la Sagesse, la Prudence, le Travail, l’Honneur et d’autres personnages allégoriques, au-dessous desquels sont des tableaux dont les sujets ont rapport aux peintres de l’antiquité : tels que Zeuxis, Apelles, Parrhasius, Protogenes. — Sur le plafond d’une chambre, je peignis Dieu bénissant la race d’Abrabam, dans un compartiment circulaire entouré de quatre compartiments carrés, renfermant la Paix, la Concorde, la Vertu et la Modestie. J’exécutai toutes ces peintures à la détrempe, mode qui chaque jour, et bien à tort, était de plus en plus négligé. À l’entrée de la meme chambre, je représentai, par plaisanterie, une mariée tenant d’une main un rateau, avec lequel elle a râtelé tout ce qu’elle a pu de la maison paternelle, tandis que de