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dit alors fort au long sur ce sujet et se montra connaisseur plein de bon goût et d’habileté. Mais lorsqu’il sortit des généralités pour aborder les détails, il commit de nombreuses méprises sur les noms, les surnoms, la patrie des divers artistes, sur leurs productions, et enfin sur une multitude de points. Quand le Giovio eut cessé de parler, le cardinal Farnèse se tourna vers moi et me dit : « Qu’en pensez-vous, Giorgio, ne sera-ce pas làun bel ouvrage ? » « — Très-beau, illustrissime seigneur, répondis-je, très-beau, pourvu que le Giovio soit aidé par quelque artiste capable de remettre chaque chose à sa vraie place, et de décrire les objets comme ils sont réellement, ce que je dis, parce que je me suis aperçu que son discours, malgré ce qu’il a d’admirable, renferme beaucoup d’erreurs » — « Vous pourriez, reprit le cardinal, lui fournir des notions succinctes sur les artistes et leurs ouvrages, en observant l’ordre chronologique. C’est un nouveau bienfait dont l’art vous sera redevable. » J’acceptai cette mission, bien que je reconnusse qu’elle était au-dessus de mes forces. Je recherchai donc toutes les notes et tous les renseignements que dès ma jeunesse je m’étais plu à recueillir sur les maîtres dont le souvenir m’était cher. J’arrangeai ces documents de mon mieux, et je les portai au Giovio qui, après les avoir lus, loua beaucoup mon travail et me dit : « Il faut absolument, Giorgio mio, que vous mettiez seul la main à cet ouvrage, car je vois que vous saurez vous en tirer à merveille ; quant à moi, je ne me sens pas le courage de trai-