Page:Vasari - Vies des peintres - t9 t10, 1842.djvu/619

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

fort au long, et neuf tableaux destinés à orner le soffite d’une chambre du palais de Messer Giovanni Cornaro.

Bien que l’on me proposât des travaux de toutes parts, je quittai Venise le 16 août 1542, et regagnai la Toscane. Je ne voulais m’occuper de rien avant d’avoir peint, sur le plafond d’une chambre de ma maison d’Arezzo, tous les arts qui dépendent du dessin, rangés autour d’une Renommée assise sur un globe, sonnant d’une trompette d’or et jetant loin d’elle une trompette de feu, emblème de la médisance. Pressé par le temps, je laissai de côté huit ovales où j’avais l’intention de placer huit portraits des plus célèbres artistes. À la meme époque, je fis une Nativité du Christ dans une chapelle des religieuses de Santa-Margherita d’Arezzo.

Après avoir ainsi passé dans ma patrie le reste de l’été et une partie de l’automne, je me rendis à Rome, où je fus parfaitement accueilli par Messer Bindo Altoviti. Je lui peignis une Descente de croix. Le corps du Christ gît à terre, aux pieds de la Vierge. Phébus éteint la lumière du soleil, et Diane celle de la lune. D’épaisses ténèbres s’étendent sur le paysage, où l’on aperçoit des rochers qui se fendent, et des morts qui ressuscitent et sortent de leurs tombeaux. Ce tableau ne déplut point à l’homme que l’on peut regarder comme le peintre, le sculpteur et l’architecte le plus grand de nos jours, et peut-être aussi des temps passés[1]. L’illus-

  1. Michel-Ange.