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ma jeunesse, peut-être aujourd’hui en serait-il tout autrement. Mais l’art est si difficile en soi, qu’il ne faut exiger d’un artiste rien au delà de ce qui lui est possible. Je dirai cependant, car c’est la vérité, que j’ai toujours exécuté mes tableaux et mes dessins, non-seulement avec une extrême célérité, mais encore avec une incroyable facilité, comme le témoigne l’immense toile que je peignis en six jours, l’an 1542, à San-Giovanni de Florence, pour le baptême du seigneur don François de Médicis, actuellement prince de Florence et de Sienne.

Après avoir achevé ces ouvrages, je voulais aller à Rome pour complaire à Messer Bindo Altoviti, mais je fus forcé de me rendre à Venise où j’étais appelé par le célèbre poète Messer Pietro Aretino, mon intime ami, lequel avait un vif désir de me voir. J’entrepris ce voyage d’autant plus volontiers qu’il m’offrait l’occasion de connaître les productions du Titien et de plusieurs autres maîtres ; en effet, quelques jours me suffirent pour examiner à Modène et à Parme celles du Corrége ; à Mantoue, celles de Jules Romain, et à Vérone les nombreux et précieux monuments antiques que cette ville renferme. Enfin j’arrivai à Venise avec deux tableaux peints de ma main d’après les carions de Michel-Ange. Je les donnai à don Diego de Mendoza, qui m’envoya en retour deux cents écus d’or. À peu de temps de là, je fis, à la prière de l’Aretino, pour les seigneurs della Calza, en compagnie de Battista Cungi, de Cristofano Gherardi et de Bastiano Fiori d’Arezzo, des décorations pour une fête dont j’ai parlé ailleurs