miné les travaux de Camaldoli et la façade d’une chapelle où j’essayai de marier la peinture à l’huile à la fresque ; tentative dont je me tirai avec succès.
Poussé par le désir de me distinguer à Florence, je résolus de ne rien épargner pour lutter de mon mieux contre les nombreux rivaux que j’y rencontrai. Afin qu’aucun souci ne vînt me distraire de mon travail, je mariai ma troisième sœur, et j’achetai à Arezzo, dans l’endroit le mieux aéré du Borgo de San-Vito, une maison et un terrain propre à être converti en magnifiques jardins. Enfin, au mois d’octobre de l’an 1540, je commençai le tableau de Messer Bindo. J’avais à représenter la Conception de la Vierge à laquelle la chapelle était dédiée. Comme ce sujet me semblait extrêmement difficile à traiter, Messer Bindo et moi nous consultâmes plusieurs savants de nos amis, d’après l’avis desquels j’adoptai la composition suivante : au milieu du, tableau Adam et Eve, premiers transgresseurs des ordres de Dieu, sont attachés aux racines de l’arbre du péché originel. Aux branches de l’arbre, Abraham, Isaac, Jacob, Moïse, Aaron, Josué, David et d’autres personnages sont liés par les deux bras, à l’exception de Samuel et de saint Jean-Baptiste qui ne sont attachés que par un seul bras, attendu qu’ils furent sanctifiés dès le ventre de leurs mères. Autour du tronc de l’arbre s’enroule le serpent dont la partie supérieure du corps offre la forme humaine. Ses mains sont enchaînées derrière son dos. La glorieuse Vierge couronnée de douze étoiles et soutenue par une foule de petits anges nus, a un pied