Page:Vasari - Vies des peintres - t9 t10, 1842.djvu/611

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

gneur me remit une lettre de change de cinquante écus sur Giovambattista Pnccini, en me disant : « Sers-toi de cet argent pour étudier à ton aise ; lu me le rendras en peinture ou autrement, comme bon te semblera. »

J’arrivai à Rome au mois de février de l’an 1538, et j’y restai jusqu’à la fin du mois de juin. J’employai ce temps à dessiner, avec Giovambattista Cungi de Borgo, tout ce que j’avais omis dans mon premier voyage, et en particulier les monuments que la terre recélait sous les ruines de l’antique Rome. Je ne négligeai aucun ouvrage d’architecture ou de sculpture, si bien que le nombre de dessins que je fis alors monta à plus de trois cents. Ces études me furent extrêmement utiles, comme on peut le voir dans le tableau que j’exécutai, à mon retour en Toscane, pour l’église de Monte-Sansovino, et dans lequel je figurai la Vierge montant au ciel, et autour de son sépulcre les Apôtres, en compagnie de saint Augustin et de saint Romuald.

Je me rendis ensuite chez les Camaldules, aitîsi que je l’avais promis à ces bons pères. Je leur peignis une Nativité du Christ, avec un effet de nuit. La lumière qui s’échappe de la personne du Sauveur éclaire les bergers qui l’adorent. Les objets qui entourent la cabane ou se trouve le nouveauné sont illuminés partie par la lueur céleste d’un chœur d’anges, partie par des torches enflammées que tiennent des bergers. Des fragments d’architecture antique et des statues brisées complètent ce