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quel je peignis en deux mois un tableau dont ils parurent non moins satisfaits que moi. Dans ces deux mois, je fus à même d’apprécier combien la solitude et la tranquillité sont plus favorables à l’étude que les bruits des villes et des cours, et je sentis plus vivement que jamais combien était grande mon erreur, lorsque je laissais reposer toutes mes espérances sur la faveur des hommes et sur les futilités et les intrigues de ce monde. Dès que j’eus achevé mon tableau, il fut convenu entre les Camaldules et moi que je reviendrais l’été suivant pour m’occuper des fresques, qu’il était presque impossible d’exécuter dans ces montagnes durant l’hiver.

De retour à Arezzo, je finis le tableau de San-Rocco, où je représentai la Vierge, saint Roch et d’autres saints, suppliant Dieu de ne point lancer contre le peuple le fléau de la peste.

Je fus ensuite appelé à Val-di-Caprese par Fra Bartolommeo Graziani, lequel me chargea de peindre à l’huile un tableau pour le maître-autel de l’église de Sant’-Agostino, à Monte-Sansovino. De Val-di-Caprese j’allai à Florence voir Messer Octavien, qui essaya de me déterminer à rentrer au service de la cour ; mais je lui opposai de bonnes raisons, et je résolus de me rendre à Rome sans retard. Cependant Messer Octavien exigea qu’avant de quitter Florence, je fisse une copie du portrait de Léon X, peint par Raphaël, qu’il avait alors chez lui, et que le duc réclamait. Ma copie est aujourd’hui entre les mains des héritiers de Messer Octavien. Au moment de mon départ, ce généreux sei-