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à mourir, je commençai à reconnaître à combien de déceptions on est exposé lorsque l’on compte sur d’autres que sur soi-même.

Après avoir terminé les tableaux dont j’ai parlé plus haut, je me mis à étudier sérieusement l’architecture, afin d’être de plus en plus en état de servir le duc Alexandre, qui s’occupait beaucoup de fortifications.

L’an 1536, je fus adjoint, par l’ordre du duc, aux commissaires chargés de présider à l’exécution des arcs de triomphe et des décorations qui furent commandés pour la réception de l’empereur Charles-Quint. Outre les grandes bannières du château, je décorai la porte de San-Pietro-Gattolini, et l’arc de triomphe haut de quarante brasses et large de vingt que l’on éleva sur la place San-Felice. Alors se déchaînèrent contre moi mille envieux, qui, pour m’empêcher de conduire à fin ces importantes entreprises, réussirent, par leurs intrigues, à m’enlever environ vingt auxiliaires au plus fort de ma besogne. Mais j’avais prévu cette machination, et, partie en travaillant moi-même jour et nuit, partie avec le secours de peintres étrangers à la ville, qui m’aidaient en cachette, je menai bon train mon affaire, et m’efforçai de vaincre les obstacles que l’on me suscitait. Bertoldo Corsini, provéditeur général de Son Excellence, dit au duc que je ne pourrais jamais me tirer de tous les ouvrages que j’avais en main, d’autant plus que je manquais d’auxiliaires. Le duc me manda aussitôt près de lui, et m’instruisit de ce qui lui avait été rapporté. Je lui