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ravisse la donnée autour de laquelle il s’enroule et qu’il veut se réserver en toute propriété.

Quand le talent du Pontormo commence-t-il à décroître ? Quand la versatilité et l’esprit de système viennent-ils le mettre hors du combat ? N’est-ce pas dès qu’il se retire en lui-même, dès qu’il prétend s’isoler, non pas seulement intellectuellement, mais encore matériellement ? N’est-ce pas dès qu’il se met en dehors de cette sphère d’activité où se trouvent entraînés pèle mêle tous les astres brillants de la pléiade florentine ? Cette vie publique de l’artiste, ces concours, ces rivalités permanentes, ces ateliers toujours pleins, ces admirations des jeunes gens, ces jalousies des hommes arrivés, ces récriminations des vieillards dont on ne veut plus, et des insolents dont on ne veut pas encore ; tout cela, c’était l’atmosphère de l’artiste de cette époque, c’était le sol que ses pieds ne devaient pas quitter, sous peine, comme le géant Antée, de sentir à l’instant son âme se retirer de lui. Pour la solitude, il faut un Michel-Ange, et encore la vie de Michel-Ange est-elle plutôt le silence que la solitude.

NOTES.

(1) C’est-à-dire Laurent le Magnifique, père de Léon X. Vasari l’appelle toujours Laurent l’Ancien, bien que ce surnom soit ordinairement appliqué à Laurent, frère de Cosme, pater patriæ.