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Jacopo fut inhumé dans le premier cloître de l’église des Servîtes, au-dessous de son tableau de la Visitation. Tous les peintres, les sculpteurs et les architectes qui étaient alors à Florence, assistèrent à ses obsèques.

Le Pontormo était d’une sobriété excessive, sa table et ses vêtements étaient d’une modestie qui approchait de la misère ; il vécut presque toujours seul, sans vouloir que personne le servît ni même préparât ses aliments. Pourtant, dans ses dernières années, il admit dans sa maison Battista Naldini (7) ; ce jeune homme prit soin de lui, et en revanche fit sous sa direction de grands progrès en dessin, qui lui présagent un bel avenir.

Vers la fin de sa vie, le Pontormo fut particulièrement lié avec Pier Francesco Vernacci et Don Vincenzio Borghini ; quelquefois, mais rarement, il dînait avec eux pour se récréer. Son ami le plus intime fut sans contredit le Bronzino, qui ne cessa jamais d’être reconnaissant des bienfaits qu’il en avait reçus.

Le Pontormo avait d’étranges lubies, il redoutait tellement la mort qu’il ne voulait point en entendre parler, et qu’il fuyait les enterrements comme la peste. Il n’allait jamais à une fête ni dans les endroits où la foule se portait, de peur d’être étouffé ; il aimait la solitude au delà de toute expression. Parfois, au moment de peindre, il se laissait entraîner à des rêveries si profondes, qu’il passait la journée sans avoir touché à son pinceau. Il est à croire que cela lui arriva souvent dans la chapelle de San-