insolences du même genre. Mais j’ai toujours connu Jacopo pour un homme modeste, et je l'ai toujours entendu s’exprimer sur le compte de chacun en termes honorables. Je pense donc qu’il n’a jamais laissé sortir de sa bouche de semblables paroles, qui ne conviennent qu’à des présomptueux et à des fanfarons. J’aurais pu taire ces choses ; mais, pour remplir tout entier le devoir d’un fidèle et véridique historien, je n’ai point voulu les passer sous silence. Ces bruits injurieux à Jacopo eurent cours principalement parmi les artistes ; mais, je le répète, je l’ai toujours connu trop modeste pour ne pas croire fermement que les propos qu’on lui attribue aient été inventés par ses ennemis.
Le Pontormo travailla onze années dans la chapelle de San-Lorenzo sans permettre à personne, pas même à ses amis, d’y pénétrer ni d’y jeter un coup d’œil. Quelques jeunes gens seulement, qui dessinaient dans la sacristie de Michel-Ange, montèrent sur le toit de l’église, enlevèrent des tuiles et pratiquèrent un trou au travers duquel il virent tout ce qu’il avait fait. Jacopo s’en aperçut, et, bien que l’on raconte qu’il ait cherché à se venger de ces jeunes indiscrets, il se contenta, malgré sa colère, de se calfeutrer plus hermétiquement. Mu par l’espoir de surpasser tous ses rivaux et peut-être, comme on le prétend, Michel-Ange lui-même, il peignit en divers compartiments, dans la partie supérieure de la chapelle, la Création d’Adam et d’Ève, leur Désobéissance, leur Expulsion du Paradis, leurs Travaux sur la terre, le Sacrifice d’Abel, la Mort de Caïn, la