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cutât, pour la salle du conseil des Deux Cents, des tapisseries tissues d’or et de soie, d’après les cartons du Bronzino et du Pontormo. Ce dernier représenta Jacob apprenant la mort de son fils Joseph et reconnaissant sa robe ensanglantée ; puis Joseph laissant son manteau entre les mains de la femme de Putiphar. Ces deux cartons ne plurent ni au duc ni aux ouvriers flamands, et comme ils jugèrent qu’ils ne réussiraient point en tapisserie, le Pontormo retourna à ses travaux accoutumés et peignit une Madone que le duc donna au signor Don… qui l’emporta en Espagne.

À l’exemple de ses ancêtres, le seigneur duc a constamment cherché à embellir Florence : aussi songea-t-il à faire peindre la grande chapelle du temple de San-Lorenzo, construite jadis par Cosme l’Ancien. Il confia cette entreprise au Pontormo, soit de sa propre volonté, soit qu’il eût cédé, comme on l’assure, aux sollicitations de Messer Pier-Francesco Ricci, son majordome. Le Pontormo fut enchanté de cette faveur. Si l’immensité du travail qui lui était alloué l’effrayait un peu, car il était déjà assez avancé en âge, d’un autre côté, il considérait qu’il ne pouvait rencontrer un plus vaste champ pour déployer son talent. Quelques personnes prétendent qu’en se voyant préféré au célèbre Salviati, qui venait de décorer avec succès, dans le palais, l’ancienne salie de la Seigneurie, il s’écria qu’il montrerait comment on devait dessiner et peindre à fresque. Il aurait encore ajouté que les autres peintres n’étaient que des barbouilleurs, et maintes