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il a produit quelques beaux morceaux, où il ne s’est montré inférieur ni à Calamec, ni à tout autre des jeunes sculpteurs de l’Académie.

Vincenzio de’ Rossi, de Fiesole, sculpteur, architecte et académicien florentin, est digne d’être mentionné ici, bien que nous l’ayons déjà cité dans la biographie de son maître Baccio Bandinelli. Lorsque Vincenzio eut quitté Baccio, il fit, avec une extrême habileté, malgré sa jeunesse, un saint Joseph et un Christ enfant, pour la Ritonda de Rome. Il éleva, dans l’église de Santa-Maria-della-Pace, deux tombeaux surmontés des statues des morts qu’ils renferment, et ornés de quelques prophètes de marbre en demi-relief, grands comme nature. Ces ouvrages lui valurent une haute réputation, et furent cause que le peuple romain lui confia le soin de sculpter la statue du pape Paul IV, que l’on plaça dans le Capitole. Mais à peine Paul IV fut-il mort, que la populace, qui poursuit aujourd’hui de sa haine celui qu’elle adorait hier, renversa et brisa sa statue. Vincenzio tira ensuite, d’un bloc de marbre, un groupe représentant l’Enlèvement d’Hélène par Thésée, roi d’Athènes. On ne saurait imaginer rien de plus étudié et de plus gracieux que ces deux figures. Le duc Cosme de Médicis, étant allé à Rome, voulut connaître, non-seulement les monuments antiques, mais encore les productions remarquables des artistes modernes. Il vit le groupe de Vincenzio, et le loua comme il le méritait. Alors, Vincenzio, qui était d’un caractère généreux, le lui donna courtoisement. Le duc l’envoya dans son