Page:Vasari - Vies des peintres - t9 t10, 1842.djvu/44

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

l’autre loge auraient été également conduites a fin avec célérité selon le désir de Son Excellence, si malheureusement cet illustrissime seigneur n’eût été assassiné le sixième jour du mois suivant, par son parent Lorenzino.

Le duc Cosme, après avoir succédé à Alexandre, et remporté la victoire de Montemurlo, s’occupa d’embellir la villa de Castello, comme nous l’avons dit dans la biographie du Tribolo. Son Excellence, pour complaire à la signora Donna Maria, sa mère, chargea le Pontormo de décorer la première loge, que l’on trouve en entrant à gauche dans le palais. Jacopo commença par y faire peindre tous les encadrements d’après ses dessins par le Bronzino et les autres artistes qui l’avaient aidé à Careggi. Puis, il se séquestra sévèrement pour exécuter à sa fantaisie ses principaux sujets, qu’il croyait devoir être bien supérieurs à ceux de la villa Careggi. Pour arriver à ce résultat, il n’épargna ni soins ni temps, ce qui lui était du reste facile, car il recevait chaque mois huit écus de Son Excellence. Enfin, il tenait depuis cinq ans la loge fermée à tous les regards, lorsqu’un jour la signora Donna Maria lui commanda de jeter immédiatement à bas ses échafaudages et ses barricades. À force de prières, il obtint cependant un délai de quelques jours, dont il profita pour opérer différentes retouches, et pour disposer une toile de son invention qui devait servir à clore la loge, en l’absence de les seigneuries, et à défendre ses peintures contre les injures de l’air.

Chacun pensant que notre artiste s’était surpassé