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jaspe encastré dans de l’ébène et de l’ivoire. Ce Bernardino est maintenant au service de Leurs Excellences. Mais revenons à Bernardo Timante. La vaste toile qu’il peignit pour les obsèques de Michel-Ange a désabusé bien des gens qui le croyaient à tort incapable de faire les grandes figures aussi bien que les petites. Bernardo s’est pareillement distingué lors des noces de notre prince, dans quelques mascarades, dans le Triomphe des songes et dans les intermèdes de la comédie qui fut représentée dans le palais. Si, dans sa jeunesse (bien qu’il n’ait pas encore trente ans), il eût consacré à la peinture tout le temps qu’il dépensa à étudier l’art des fortifications, il posséderait aujourd’hui un talent surprenant. Toutefois, tel est son mérite, que l’on espère le voir arriver, quoique un peu tard, au but qu’il aurait dû déjà atteindre ; et cela lui sera d’autant plus facile, que le duc ne cesse point de lui confier d’honorables et importantes entreprises.

Parmi nos académiciens n’oublions pas le Flamand Giovanni della Strada (Jean Straet), qui joint à la correction du dessin la richesse de l’invention et un bon coloris. Grâce aux progrès qu’il a faits pendant les dix années qu’il a passées à peindre en détrempe, à fresque et à l’huile, dans le palais, sous la direction et d’après les dessins de Giorgio Vasari, il peut aller de pair avec le plus habile des artistes qui sont au service du seigneur duc. Aujourd’hui Giovanni est principalement occupé à exécuter des cartons pour des tapisseries qui doivent s’harmoniser avec les sujets que Vasari a peints