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que l’on serait vraiment tenté de prendre pour une miniature.

Aujourd’hui, malgré ses soixante-cinq ans, Agnolo est encore tellement passionné pour l’art, qu’il a commencé, suivant le désir du duc, deux fresques dans l’église de San-Lorenzo, près de l’orgue.

Agnolo a cultivé et cultive encore avec succès la poésie. Il a composé un grand nombre de capitoli[1] et de sonnets, dont une partie a été publiée ; mais il s’est surtout distingué dans le berniesque, car maintenant il n’y a personne qui l’égale dans ce genre, ainsi qu’on le verra un jour, si, comme on l’espère, on imprime ses œuvres complètes[2].

Le Bronzino a un caractère plein de douceur et d’affabilité. Il s’est montré dévoué à ses amis, honorable dans toutes ses actions, et généreux autant qu’un noble artiste comme lui doit l’être. Jamais il n’a fait de tort à personne, et il a toujours témoigné beaucoup d’amitié aux artistes de talent : c’est ce que je puis affirmer, moi, qui suis étroitement

  1. Capitolo, pièce de poésie italienne du style badin ou satirique, composée de tercets.
  2. Bronzino occupa un rang distingué parmi les poètes de son temps. Ses poésies furent imprimées, et on lit dans le recueil du Bottari quelques-unes de ses lettres sur la peinture. Il y examine si la sculpture est plus noble que la peinture, question alors vivement débattue. Il donne la préférence à son art. On trouve dans le même volume d’autres lettres écrites en faveur de l’opinion contraire. Le Buonarroti, interrogé par le Varchi, ne voulut pas se prononcer. Après la mort du Buonarroti, de nouvelles discussions s’élevèrent entre les peintres et les sculpteurs, et l’on vit paraître des compositions en prose et en vers sur ce sujet. Le Lasca écrivit en faveur de la peinture ; le Cellini prit la défense de la sculpture.