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italien. Cette terre privilégiée vit se renouveler ces temps merveilleux de l’antiquité grecque, où la beauté se révéla dans toute sa splendeur, où la pensée divine s’incarna dans les formes les plus accomplies, où la dignité souveraine de l’homme fut représentée par les images les plus sublimes.

Cet élément de la suprême beauté, qui éclata avec tant de magnificence en Italie, n’était pas destiné à s’épanouir dans les contrées du Nord. Cependant les populations cisalpines n’étaient pas dépourvues des dispositions nécessaires pour comprendre et développer le beau. On voit, dans les premières périodes du style gothique ou germanique, se manifester chez quelques artistes du Nord une tendance dominante à concevoir l’idéal, et l’imperfection extrême des moyens seule les empêcher de l’exprimer clairement. Plus tard, Jean van Eyck et ses élèves, en s’attachant à la réalité, surent la colorer de ce qui pouvait la relever et l’anoblir. Ces maîtres ont une grande affinité avec les prédécesseurs de Raphaël, le Pérugin, Andrea Mantegna, Giovan Bellini, Pinturicchio. Dans les ouvrages des deux écoles de cette époque, on remarque le même degré d’expression intime, de naïve intelligence et de noblesse sympathique dans les physionomies. Les Flamands se distinguent même par une connaissance plus étendue des secrets de la technique. On pouvait donc espérer que les peintres du Nord, en conservant la vérité et la naïveté de leurs devanciers, feraient subir à leur art la même transformation qui rendit l’art italien du XVIe siècle si