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L’Italie elle-même ne resta pas étrangère à la direction imprimée à l’art par van Eyck. Avant le XVIe siècle, les tableaux de van Eyck n’étaient déjà plus rares en Italie, et ils y obtenaient un immense succès, si l’on en croit Facius et Vasari. Bientôt les peintures d’Albert van Ouwater, de Roger de Bruges, de Hans Hemling et de Jérôme Bos, y devinrent populaires, et donnèrent lieu à de nombreux et irrécusables emprunts. Déjà nous avons signalé, à la suite de la biographie du Titien, l’influence exercée par Jean van Eyck et ses disciples sur les œuvres vénitiennes des premières périodes. Elle est également facile à reconnaître à Naples, et même à Florence, dans les productions d’une foule de maîtres de la seconde moitié du XVe siècle, parmi lesquels il nous suffira de citer Domenico Ghirlandaio.

Les principes et les procédés de van Eyck pénétrèrent jusqu’en Espagne. Au milieu du XVe siècle, l’art y était encore dans l’enfance ; aussi dut-il ne point se montrer rebelle aux enseignements qui lui furent offerts. Or, aucun pays autant que l’Espagne n’a été visité par les peintres flamands. Parmi les artistes que Jean II, roi de Castille, attira à sa cour, on trouve un certain Rogel de Flandre, qui peut-être n’est autre que Roger de Bruges ; car, dans les archives de la chartreuse de Miraflorès, près de Burgos, il est appelé le grand et fameux Flamand[1]. Un de ses compatriotes, que les biographes

  1. Anno MCCCCXLV donavit prædicatus rex (D. Joannes II) pietiosissimum et devotum oratorium tres historias habens, nativitatem scilicet