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du Nord rencontrèrent mille germes de vérité, de poésie, de naïveté et d’indépendance, desquels ils dégagèrent un style qui sut être le plus éloquent, et à la fois le plus fidèle interprète de la nature et de la personnalité humaine.

Ce style, qui était appelé à moduler toutes les harmonies de la terre, commence déjà à poindre au XIIIe siècle, dans l’art septentrional. Déjà les miniatures de divers manuscrits de cette époque révèlent une volonté et une tendance qui présagent les progrès de l’avenir. Déjà le peintre repousse les thèmes imposés par la tradition, et ose aborder les scènes de la vie réelle. La roideur, la monotonie, l’austérité des formes consacrées disparaissent pour faire place à des lignes pleines d’élan, de variété et d’originalité. Les attitudes, jusqu’alors immobiles et anguleuses, s’animent gracieusement. Aux anciens ajustements succédé le costume contemporain qui acquiert quelque souplesse. Les variétés d’incidents, d’épisodes et d’accessoires, sans nuire à l’unité d’action, empêchent l’esprit d’être fatigué par la continuité du même effet. Enfin, les physionomies et les gestes des personnages, parfois maniérés et exagérés, mais plus souvent gracieux, simples et naïfs, ou énergiquement mouvementés, s’essaient à exprimer toutes les passions, toutes les affections qui se disputent l’intérieur de l’homme. C’est le réveil du sentiment individuel qui, bien que faible et grossier encore, se manifeste dans les personnages représentés, ou les pénètre à son insu.

Au XIIIe siècle, les contrées du Nord, surtout la