(9) Vers l’an 1545, Sansovino s’occupait de terminer les grands travaux de la bibliothèque, et il ne s’agissait plus que de voûter la partie occupée par les bureaux des trois procuraties ; mais la voûte, à peine terminée, s’écroula. On attribua cet accident à diverses causes. Selon les uns, c’était incurie et mal-façon de la part des ouvriers ; c’était, selon d’autres, l’effet d’une gelée extraordinaire. On prétendait ailleurs que l’ébranlement avait été causé par des décharges d’artillerie. Le plus probable est que l’architecte avait trop compté sur ses armatures en fer. Ce malheur eut les suites les plus fâcheuses pour Sansovino. Il fut mis en prison, destitué de son emploi d’architecte en chef, et condamné à payer mille écus d’or, en dédommagement de la perte occasionnée par sa faute, ainsi qu’on le crut alors. Il paraît toutefois que Sansovino parvint à se justifier. Ses nombreux amis, et l’Arétin à leur tête, écrivirent en sa faveur. Mendoza, ambassadeur de Charles-Quint auprès de la république de Venise, sollicita son élargissement. L’affaire enfin s’arrangea ; Sansovino sortit de prison ; et ce qui fait croire que ce ne fut pas à titre de grâce, c’est que l’amende à laquelle on l’avait condamné lui fut remboursée, qu’il fut réintégré dans son emploi, et payé de nouveau pour le rétablissement de la voûte, qui ne fut plus faite en pierre, mais en charpente, avec un lattis de roseaux, sur lesquels fut appliqué l’enduit qui en forme la décoration.
(10) La façade de San-Francesco-della-Vigna fut construite par Palladio.